6.1.1 Le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat

Le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC, International Panel on Climate Change – IPCC) est un groupement de scientifiques constitué en 1988 par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement et par l’Organisation Météorologique Mondiale. Il a pour mission « d’évaluer (…) les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. » (http://www.ipcc.ch/) Il a notamment produit quatre séries de rapports d’évaluation globaux sur le changement climatique, en 1989, 1995, 2001 et 2007 (disponibles sur www.ipcc.ch/). 1200 scientifiques ont collaboré au Quatrième Rapport d’Évaluation de 2007. Le GIEC a reçu en 2007 le prix Nobel de la Paix, conjointement avec Al Gore.

6.1.2 La modélisation numérique du climat

Des scénarios théoriques du climat peuvent être simulés et étudiés par ordinateur : c’est la méthode de la « modélisation numérique ». Les modèles numériques de climat permettent de conforter des hypothèses sur les mécanismes gouvernant le climat (forçages). Ils sont utilisés pour reproduire les climats passés, connus seulement par des données indirectes. Ils servent également à prévoir le comportement futur du climat, notamment en fonction des différents scénarios envisageables des forçages anthropiques. Suivant leur but, les modèles représentent pour la Terre entière la circulation de l’atmosphère et des océans, la fonte des glaces, les pollutions humaines, etc. La prévision météorologique est également réalisée par des modèles numériques, qui sont constamment remis à jour avec les observations.

6.1.3 Les scénarios d’émission de gaz à effet de serre

Afin de prévoir l’évolution du climat au cours du 21ème siècle, il est nécessaire d’estimer les émissions futures de gaz à effet de serre. Ces émissions dépendront du contexte mondial, en particulier de l’évolution démographique, du développement économique et de l’évolution technologique. Quatre familles de scénarios socio-économiques ont été élaborées par le GIEC, qui décrivent chacune une évolution différente du monde (Figure 6.1) (IPCC, 2000IPCC, 2000 : Emissions scenarios. Cambridge University Press, UK. 570 p.). A l’intérieur de chaque famille, différents scénarios décrivent des variations quantitatives d’émissions de gaz à effet de serre. Vingt-six scénarios ont été élaborés au total. Aucun des scénarios n’inclut directement de politique de réduction des gaz à effet de serre (comme le Protocole de Kyoto le prévoit). Trois scénarios caractéristiques ont été utilisés pour le Quatrième rapport d’évaluation du GIEC : les scénarios B1, A1B et A2, qui correspondent à des valeurs d’émission de gaz à effet de serre faible, moyen et haut. Les scénarios A1 prennent pour hypothèse une croissance rapide de l’économie et de la population ; les scénarios A1B combinent les énergies fossiles et non fossiles (PNUD, 2007PNUD, 2007 : Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008, Résumé en français, Programme des Nations Unies pour le Développement, Palgrave Macmillan. ). Le scénario A2 prévoit une croissance économique plus réduite, une mondialisation plus limitée et la poursuite d’une croissance rapide de la population. Les scénarios B1 et B2 prévoient la réduction des émissions grâce à une efficacité supérieure de l’utilisation des ressources et des progrès technologiques (B1) et grâce à des solutions plus localisées (B2).

Figure 6.1. Les quatre familles de scénarios, situées en fonction des orientations adoptées entre l’intérêt économique ou environnemental et le développement global ou régional (IPCC, 2000IPCC, 2000 : Emissions scenarios. Cambridge University Press, UK. 570 p. ). Les principales forces motrices des scénarios sont indiquées en-dessous.